Redéfinir un accord énergétique européen global « sobriété + renouvelable + gaz vert + nucléaire »

03/04/2024

yL'énergie ne fait aujourd'hui pas l'objet d'une stratégie européenne unifiée ; s'affrontent notamment le modèle français basé sur le nucléaire, et le modèle allemand bien plus hermétique à l'implantation de cette source d'énergie. Pourtant, il s'agit à la fois d'un enjeu de cohérence sociale, de souveraineté collective, de politique étrangère et, bien sûr, de transition écologique.

Nous voulons donc redéfinir un accord énergétique européen fondé sur quatre piliers : la sobriété, les énergies renouvelables, le gaz vert et le nucléaire.

  • Se doter à l'échelle européenne d'une véritable politique énergétique commune (PEC) à l'image de la PAC. Le nouvel accord énergétique donnerait l'orientation de cette politique énergétique commune.
    Nous avons tous pu découvrir, à l'occasion de la crise ukrainienne et ses impacts sur les approvisionnements en gaz russe, que l'Union européenne n'a pas de politique commune de l'énergie et que les tiraillements restent grands entre les différents Etats membres. N'y renonçons pas car le défi est colossal. Nous devons arriver à produire au plus vite :

    La question de l'énergie va devenir centrale dans les prochaines années. Il faudra donc produire :

    • une énergie totalement décarbonée, en renonçant au charbon, aux schistes, bitumineux, au pétrole et au gaz. La fin des énergies fossiles doit être une priorité, sur notre territoire et dans nos importations.
    • chez nous, afin de ne plus dépendre d'approvisionnement extérieurs. Pour des raisons stratégiques à long terme.
  • Décarboner notre énergie.

    Bien évidemment, sur le volet énergétique, si la sobriété doit devenir une priorité, les autres efforts poursuivis, à savoir ceux portant sur la décarbonation de notre production et donc de notre consommation restent entiers.
    La question de l'énergie va devenir centrale dans les prochaines années pour deux raisons :

    • Elle impacte la qualité de vie de nos concitoyens, par exemple avec l'accès au numérique.
    • C'est un élément d'attractivité pour les activités économiques, puisque c'est un puissant facteur de relocalisation industrielle.

Axe 1 : la sobriété

  • Se référer à notre proposition de réduction de 15% de notre consommation eau/matière/énergie, publiée précédemment.

Axe 2 : les énergies renouvelables

  • Soutenir la création d'une filière européenne dans le domaine du solaire et généraliser son utilisation, tant par la société civile que les acteurs économiques.

    C'est une technologie largement acceptée. Le rendement des panneaux ne cesse de s'améliorer. En plus de produire une énergie renouvelable, le panneau solaire absorbe le rayonnement grâce à son albédo et évite une part de réchauffement de l'atmosphère. Son développement est donc plus que souhaitable.

    • En développant une véritable filière européenne dans le domaine des panneaux solaires, pour des raisons évidentes d'indépendance stratégique, mais aussi pour éviter d'importer des panneaux souvent fabriqués avec une énergie à base de charbon.
    • Les normes et aides que nous devons envisager pour la généralisation et le développement massif du solaire en Europe doivent être assorties de conditions à la seule destination de panneaux conçus et fabriqués en Europe.
    • Nous devrons, quand c'est possible, privilégier les installations sur les bâtiments, les ombrières de parking, les délaissés portuaires et aéroportuaire, et les friches industrielles.
    • L'Union européenne doit rendre obligatoire son usage sur toute construction neuve, tant pour le photovoltaïque que pour l'eau chaude.
    • Quant aux nouveaux hangars agricoles gigantesques uniquement envisagés pour être couverts de panneaux et les projets au sol, ayons les mêmes prudences que pour l'éolien terrestre. Ils doivent être des projets acceptés par les habitants et les territoires, notamment sur le plan du partage des bénéfices et sur l'évaluation objective en amont des impacts sur la biodiversité et les paysages.
  • Implanter l'énergie éolienne à la condition que les populations locales soient concertées et qu'elles bénéficient des apports énergétiques engendrés

    L'éolien offshore est objectivement une solution que nous devons développer, mais avec quelques réserves :

    • Les zones d'implantation doivent être concertées
    • L'industrialisation locale doit être maximisée
    • Les intérêts croisés avec les usagers de la mer, qui est un bien commun, doivent être discutés.
    • Les atterrages doivent être discrets
    • A la fin de vie d'un parc il doit y avoir un retour à l'état initial.

    Nous devons également être favorables aux autres énergies marines renouvelables, telles que les parcs hydroliens. La France doit être motrice et exemplaire dans ce domaine, en tenant l'objectif des 50 parcs offshore en France, produisant 40 GW, en 2050.

    L'éolien terrestre, souvent controversé dans des territoires où il est accepté de manière très variable, est pourtant nécessaire. Il s'agit d'une solution mature sur le plan technique et viable sur le plan économique, quasiment sans soutien.

    En la matière, une des clés de la réussite de ces projets est d'en faire des projets de territoire, qui dépassent le simple périmètre de la commune. Pour en faciliter l'acceptation par les territoires concernés, le partage des revenus associés doit être équitable et profitable aux territoires qui les accueillent, notamment via les financements participatifs et une évaluation objective en amont des impacts sur la biodiversité et les paysages.

  • Faire preuve d'un usage raisonné du bois
    Il peut être une solution, mais il a besoin d'évolution technologiques pour réduire les émissions de particules fines dont on sait maintenant qu'elles participent grandement à la pollution de l'air. Il peut par ailleurs entrer en concurrence avec d'autres usages du bois, qu'il faudrait développer, la construction notamment. Enfin, il peut déséquilibrer la forêt avec la modification des essences et un enrésinement des massifs.

  • Encadrer l'utilisation de la méthanisation, pour un usage local et limité.
    Elle n'est pas épargnée par la contestation alors qu'elle fait partie du panel de solutions renouvelables intéressantes, notamment au regard des puissants gisements issus des boues des stations d'épuration et des bio déchets de nos poubelles. Là encore, dotons-nous, à l'échelon européen, de cadres rassurants. Il faut par exemple conditionner les projets au fait d'avoir des boucles locales de consommation de biogaz et rester sur un taux de cultures dédiées très limité.
  • Développer le soutien aux réseaux de chaleurs urbains.

    Ils sont trop peu aidés. C'est une solution idéale pour les zones urbaines, qui permet de :

    • Contrôler les productions
    • Mieux répartir les énergies avec un prix fixe faible
    • Alimenter à prix très compétitifs les logements sociaux
  • Développer le soutien aux réseaux de récupération de chaleur perdue, et à la géothermie.

    Complètement sous utilisée dans la plupart des pays, l'Europe doit renforcer et soutenir la récupération des chaleurs perdues :

    • La récupération de la chaleur urbaine domestique sur les eaux usées
    • La récupération de chaleur industrielle, notamment issue de la chimie ou de la sidérurgie

    La géothermie est une énergie dont les deux formules sont à exploiter au mieux :

    • La géothermie profonde a tout son intérêt là où les sous-sols s'y prêtent, comme en Ile de France.
    • La géothermie de surface, technologie émergente, doit, quant à elle, être massivement déployée.
  • Encourager et soutenir la décarbonation des carburants

    L'objectif de la sortie des voitures thermiques est désormais un acquis. Nous pensons toutefois qu'il est impératif de ne pas condamner les voitures thermiques non carbonées qui ont recours aux carburants d'origine végétale.
    De manière générale, nous ne pensons pas réaliste de condamner tel ou tel mode de transport, mais plutôt de raisonner en termes de « décarbonation ». Si un avion vole à l'électrique, à l'hydrogène ou au biocarburant, quel est le problème ? Il peut même devenir plus vertueux d'un point de vue environnemental au regard de son emprise sur le foncier.

Axe 3 : le gaz vert

  • Encourager et soutenir la décarbonation des carburants (suite).
    Le gaz fait aussi partie de ces carburants que nous souhaitons décarboner ; de cette façon, nous envisageons également le remplacement à terme des gaz fossiles par les alternatives vertes.

Axe 4 : le nucléaire

Sujet polémique s'il en est, nous devons sortir de la stérile opposition entre anti, la refusant complétement, et pro nucléaire, ne jurant que par cette énergie. Elle n'est ni dénuée de questionnements et d'aspects négatifs, tout comme les autres énergies (risques inhérent à la technologie, coût, déchets nucléaires, démantèlement) ni d'aspects positifs (souveraineté, production largement décartonnée et constante). Il est, quoi qu'il en soit, impossible de décarboner rapidement notre économie sans passer, pour un temps donné, par le nucléaire.