Maîtriser et protéger l'eau, y compris la manière dont nous la consommons

22/03/2024

Aujourd'hui, près de 2,2 milliards de personnes dans le monde n'ont pas accès à l'eau potable. Avec les changements climatiques, les équilibres sont rompus. On a soit trop d'eau (inondations, submersions) soit trop peu (sécheresses). Les déplacés climatiques le sont en grande partie pour des questions d'eau. Et les conflits armés sont dès lors de plus en plus liés à l'accès à l'eau. A ces problèmes qu'on peut qualifier de quantitatifs (trop ou pas assez d'eau), s'ajoutent des problèmes qualitatifs, à savoir les pollutions qui rendent l'eau impropre la consommation et novices pour la biodiversité.

L'Europe n'est pas épargnée par tous ces problèmes mais n'a pas suffisamment pris de mesures pour réduire les impacts et s'adapter. Soulignons toutefois, à destination de ceux qui défendent une vision anti-européenne, que c'est grâce l'Europe que nous avons, au fil du temps, très grandement nettoyé nos rivières en déployant massivement les réseaux d'assainissements qui évitent aujourd'hui que nos eaux usées se déversent dans les cours d'eau.

Nous proposons :

- une confirmation de l'engagement européen en faveur des zones humides. Ces engagements ont récemment été remis en question dans les débats relatifs à l'agriculture. Nous sommes très déterminés par ailleurs à considérer les problèmes des agriculteurs qui sont pour nous liés à la question des revenus et de la protection de nos productions vis à vis des importations déloyales. Mais ne sacrifions pas les zones humides qui ont été déjà fortement diminuées au cours des dernières décennies et qui, au delà de leur rôle écologique, remplissent de nombreux services pour la retenue des eaux de ruissellement, l'infiltration dans les nappes, et l'évitement des inondations en amont des zones urbaines.

- Pour répondre aux besoins des agriculteurs qui réclament légitimement des solutions nouvelles pour disposer d'eau pour leur culture, nous proposons que soit organiser un Grenelle de l'environnement européen qui abordera bien évidemment la question de l'irrigation. Deux convictions nous guident. La première est que l'irrigation a toujours existé pour l'agriculture et que l'humanité a su s'adapter pour concilier la disponibilité de l'eau avec son agriculture. Nous pensons toutefois que les solutions à trouver, basées à la fois sur la science et la technique, doivent penser le moyen et long terme. Le maitre mot est « l'adaptation ». Dans le sud de l'Espagne, retenir les eaux de pluies de fait de manière ancestrale grâce à un ingénieux système de retenues collinaires. Nous sommes favorables aux retenues collinaires et inspirons-nous des pratiques de nos voisins qui ont une longue expérience. Ainsi, nous plaisons pour des actions qui guideront le ruissellement de pluie dans une infiltration dans les sols pour alimenter les nappes plutôt que faire grossir les cours d'eau dans les périodes de fortes pluies. Disons le de manière peut-être un peu directe, mais les meilleures mega-basinnes qu'on puisse envisager existe en réalité déjà : ce sont nos nappes phréatiques.

- Nous souhaitons également que l'Europe soutienne fortement des programmes de recherche pour rendre nos cultures plus résilientes aux stress hydriques et pour faciliter le recours aux eaux usées pour les irrigations.

- Nous proposons un plan de réduction de la consommation d'eau eu Europe. De plus en plus de pays européens sont maintenant pénuries chroniques. La France a rejoint en cela les pays du sud de l'Europe. Nous proposons que l'Europe se donne pour objectif la réduction de 15% de sa consommation d'eau d'ici 2030. Cela devra passer par un plan visant la gabegie des réseaux défaillants (en France, de nombreux réseaux de distribution d'eau perdent jusqu'à 50% de l'eau dans des fuites de canalisations). C'est un vaste plan d'investissement qui devra être aidé au niveau européen via les fonds structurels. Nous devons également généraliser les récupérateurs d'eau de pluie dans les régions européennes soumises à des sécheresses récurrentes. Cette obligation de récupérateurs doit évidemment s'accompagner d'une mise en cohérence des messages sanitaires qui continuent aujourd'hui encore à interdire l'usage des eaux pluviales dans les WC ou pour l'arrosage des jardins.

- Nous proposons enfin que les décisions règlementaires et fiscales doivent être confiées aux Régions sur la base des recommandations des agences de l'eau.