Agriculture et préservation de l'environnement

01/03/2024

Piloter au niveau européen (et non plus seulement français) la baisse des pesticides de 50%, notamment les plus dangereux pour la santé humaine et la biodiversité.

En premier lieu, la question de la baisse des pesticides de 50%, notamment les plus dangereux pour la santé humaine et la biodiversité, reste un sujet qui répond d'ailleurs à des engagements pris au niveau international (COP15 biodiversité). Ce sujet doit impérativement être pris sous l'angle de la science. Nous ne souhaitons évidemment pas y renoncer. Mais là encore, quand le monde agricole demande que les interdictions ne soient pas prononcées dans qu'il n'y ait de solutions alternatives, nous ne pouvons que l'entendre. 

Développer beaucoup plus fortement la recherche et la collaboration avec les laboratoires dédiés pour trouver des alternatives et des solutions. 

Dès lors, les 250 millions d'euros annoncés pour la recherche d'alternatives doit non seulement se faire en pleine concertation avec les programmes de recherches conduits au niveau européen et avec nos voisins européens. Les alternatives qui marchent ailleurs, marcheront chez nous … et vice-versa. L'enjeu est tel qu'une recherche « franco-française » n'aurait aucun sens. Et surtout, nous demandons la pleine transparence sur les programmes de recherche et les avancées. Le pilotage de ce fonds doit être ouvert, et associer tout le monde agricole et les ONG environnementales afin que soient validées en toute transparence les priorités des programmes de recherche et les progrès accomplis.

Ajoutons sur ce même sujet que nous entendions l'agacement d'un monde agricole français qui ne comprend pas que notre pays se dote d'une réglementation environnementale plus ambitieuse que ce qui est décidé au niveau européen. Cette méthode, si elle peut plaire aux écologistes que nous sommes, crée des distorsions de concurrence avec nos voisins au sein même de l'Union européen et met en péril, de fait, nos réglementations. Restons-en à ce qui prévaut au niveau de l'Union européenne. Il sera de notre responsabilité en tant qu'élus au Parlement européen d'améliorer ces règles. En l'occurrence, l'abandon de l'indicateur NODU est l'application de cette logique qu'il faut raisonnablement accepter. Cet abandon se fait au profit d'un indicateur européen qui est certes moins bon que le NODU. Pour autant, cette décision voulue par le monde agricole doit nous inviter maintenant à œuvrer pour que l'indicateur européen soit amélioré. C'est ce que nous nous engageons à faire au Parlement européen.

Nous pensons par ailleurs que, dans une méthode qui doit être celle d'une élaboration des solutions par les agriculteurs eux-mêmes, nous devons promouvoir toutes les formes qui auront pour résultat d'améliorer la résilience au changement climatique et l'état de la biodiversité (agroforesterie, agro-écologie, …). "Notre Europe" ne peut être qu'une Europe des règlements. Elle doit être aussi une Europe des solutions (par des programmes de recherche pour innover) et des projets (l'Europe doit accompagner la substitution vers ces solutions innovantes). Les objectifs à atteindre doivent se programmer à moyen terme (5 à 10 ans), au niveau européen d'abord, mais avec une mise en oeuvre négociée au niveau régional en donnant de larges capacités aux agriculteurs de définir eux-mêmes, par filière, les moyens et solutions qu'ils choisissent pour atteindre les objectifs environnementaux européens.

Interdire l'importation de produits – notamment alimentaires – qui ne respectent pas nos normes environnementales.

Cette demande légitime faite à nos agriculteurs de respecter des normes environnementales dans leurs productions ne tient que si nous mettons fin aux intolérables importations de denrées agricoles, produites sur d'autres continents, qui ne respectent pas nos mêmes environnementales. C'est évidemment aussi hypocrite qu'inacceptable. La logique française et européenne de réduction de certaines productions alimentaires en acceptant les importations ressemble à la désindustrialisation programmée il y a quelques décennies et sur laquelle nous tentons aujourd'hui difficilement de revenir. Produire chez nous selon des normes environnementales et sociales est absolument nécessaire. Mais comment accepter de faire venir d'ailleurs ce que nous ne voulons plus produire ? Notre approche de l'écologie accepte de produire et consommer imparfaitement chez nous car nous voulons transformer notre agriculture dans une optique de résilience et de souveraineté alimentaire européenne. Cela implique donc de changer de doctrine au niveau européen : le libre échange n'est pas un objectif en lui-même. Le marché mondial libre ne produit les effets espérés que s'il est « non faussé ». Nous devons alors protéger nos productions, soumises à des réglementations environnementales qui ne s'appliquent pas ailleurs. Ainsi, c'est évidemment une bonne chose de mettre son veto à la signature du traité de libre-échange avec l'Amérique du Sud, dit Mercosur. Et il faudra aller plus loin. La force du marché européen tient à son attractivité. Nous devons utiliser celle-ci pour inciter les autres Etats producteurs non européens à respecter les mêmes règles. Nous avons commencé à le faire avec les dispositions de la « taxe carbone aux frontières » ou des dispositions relatives à la « déforestation tropicale importée ». Dans l'esprit, ce sont deux politiques européennes nouvelles qui sont les premiers pas d'une régulation environnementale et sociale du marché libre et mondial auquel l'Union Européenne (et le monde) tient. Nous nous engageons à nous battre pour demander une régulation implacable pour toute importation de produits – notamment alimentaires – qui ne respecte pas nos normes environnementales. Cette régulation peut avoir deux formes : l'interdiction pure et simple qui a notre préférence mais qui aura des répercussions en terme de rétorsion sur nos propres exportations. L'autre solution est celle des taxes douanières. En effet, voir que les fruits et légumes de saison produits près de chez nous sont souvent plus chers que la viande et le poisson, ou les produits transformés ou importés de l'autre bout de la planète est ahurissant.

Promouvoir - en accord avec le monde agricole - des nouveaux modèles tels que l'agroforesterie et l'agro-écologie, et tout modèle qui s'adapte aux changements climatiques et aux impératifs de préservation de la biodiversité.